Interview Fanny Charmont

FANNY CHARMONT

Chanteuse, autrice, compositrice et pédagogue

Fanny Charmont est membre de la Cie Cabanes, portant “Ysée et la traversée du monde pointu”, projet lauréat du dispositif Tipis, résidence de création territoriale musique jeune public en Seine-Saint-Denis, coordonné par RamDam.

Après son accueil en résidence de création entre mars et juillet 2023, la création commence sa tournée en Seine-Saint-Denis avec 12 représentations dans les salles partenaires.

@creditSoleneMagni

Présentez-nous votre parcours musical et la genèse de ce premier projet jeune public Ysée et la traversée du monde pointu ?

Je suis comédienne de formation. J’ai fait un master en arts du spectacle à Paris 8 sur les chants Pygmées chez qui j’ai vécu plusieurs mois. J’ai étudié le chant et le tambour tsigane. Parallèlement, je suis devenue comédienne spécialisée dans les voix enregistrées et coach vocale dans les musiques actuelles. J’écris de la poésie et des chansons depuis longtemps. Après avoir sorti deux EP auto-produits avec le duo Ino Ara puis sous mon nom, j’ai monté ma structure CABANES en 2019 et j’ai commencé à produire des performances et spectacles vivants mêlant poésie, chant, musique électro minimaliste à un travail visuel de costumes, dessins et sculptures avec l’artiste visuel qui m’accompagne Thomas Brosset.

Viryane Say et moi nous sommes rencontrées comme musiciennes sur le dernier album de Batlik. Je l’ai invitée à jouer sur ma musique puis nous avons commencé à nous voir et à échanger sur nos passions pendant le covid, le chamanisme, les films de Miyazaki, nos mille histoires vécues enfants, la beauté, la spiritualité, le silence et plus généralement le sens de la vie. C’est ainsi que je lui ai raconté l’histoire de ce train qui déraille, ma mère dans ce train, mes frères et moi, envoyés dans le grenier, penchés entre les lattes du plancher pour essayer de comprendre ce qui se trame en bas entre les adultes. Ça nous a paru un beau point de départ à l’histoire que nous voulions raconter : Comment grandit-on ? Quand c’est difficile autour de nous, que faire de nos émotions, de nos repères mouvants ? Peut-on dessiner ce qui est lourd dans son cœur ? Que doit-on faire ? Pourquoi fait-on une chose plutôt qu’une autre ? Comment prendre le pouvoir sur sa vie et ne pas se faire balader par les injonctions des adultes, la guerre, la cruauté ? Comment voir dans le noir que la vie est aussi pleine de beauté, de drôleries et d’espoir ?


Quels bénéfices tirez-vous de l’accompagnement du dispositif TIPIS ? Et où en êtes-vous dans cet accompagnement actuellement ?

Il s’agit de notre premier spectacle jeune public. Être lauréat du dispositif Tipis nous a d’abord permis de prendre confiance artistiquement en notre projet. Nous avons fait des résidences au plateau chez 3 de nos partenaires Tipis : Banlieues Bleues, Villes des Musiques du Monde et Espace Culturel Musique et Danse de Blanc-Mesnil. Chaque salle nous a accueilli et accompagné dans notre création avec une sortie de résidence à chaque fois, nous avons ainsi bénéficié de retours au fur et à mesure de l’avancée de notre travail. Viryane et moi avons écrit un texte poétique, très narratif et qui est la métaphore de tout ce que notre personnage Ysée ressent dans ce grenier. Thomas a créé des dessins animés. Jaky Labrune a conçu nos costumes. Tout cela donne un univers très touffu, un peu fou. Nous voulions raconter une aventure initiatique, un basculement entre le réel et le fantastique. Nous avions donc un certain nombre d’enjeux dramaturgiques à résoudre.

Le fait d’avoir un grand temps de travail au plateau mais aussi de bénéficier des conseils et réflexions de nos partenaires tout au long de la création ont été vraiment précieux. RamDam a répondu à toutes les questions que je pouvais me poser concernant la production et ce réseau jeune public que nous découvrons.. Le fait d’être lauréat TIPIS c’est à dire soutenus par RamDam, le département de la Seine-Saint-Denis et 6 salles du territoire avec des promesses de dates de diffusion nous a également permis d’avoir un dossier solide pour compléter notre budget de création. Nous avons fait une résidence chez notre co-producteur Le Comptoir. Nous venons de faire notre sortie de création à L’Espace Jemmapes avec Traffix Music qui est notre tourneur, avons joué au Festi’Val de Marne et à La Bobine à Grenoble. Nous ferons notre première date au sein du réseau Tipis le 6 décembre à l’Espace culturel Musique et Danse au Blanc-Mesnil puis jouerons en 2024 à La Fontaine aux images, à l’Odéon Scène JRC et au Festival Babel Mômes et Babel Minots.


Après la création de ce premier projet musical jeune public, quel regard portez-vous sur la filière ?

Je découvre le milieu du spectacle musical jeune public avec ma double casquette, celle d’artiste et celle de productrice. Je vois qu’un fort engagement de tous les acteurs de la filière est essentiel pour que le spectacle puisse avoir lieu. Rien n’existerait s’il manquait un maillon de la chaîne. Les salles, les programmatrices, les bénévoles, les parents, les écoles, les professeurs, les directeurs, les institutions et toustes celleux qui ont contribué à la création du spectacle. Malgré les problématiques propres à chacun, ensemble, la magie opère, la caravane avance.

En tant qu’artiste, j’ai la responsabilité du message et de la poésie que je souhaite transmettre au public. Quel spectacle pour quel monde dans le contexte sociétal, politique actuel ? Comment avancer ensemble vers un monde meilleur, que souhaitons-nous offrir à nos enfants ? Je crois aux vertus du spectacle vivant. Il permet de passer un bon moment ensemble, d’ancrer des souvenirs, d’aborder de nouveaux sujets, de donner forme à des choses informes comme les peurs, le bizarre, l’abandon sans tabous pour libérer, se questionner, retrouver sa joie, donner de l’espoir et offrir d’autres possibles. Même si ces thèmes sont parfois difficiles à aborder avec les adultes, ils ne le sont pas avec les enfants.

Et je trouve que l’apport de la musique, quel qu’en soit le style, est immense. Elle permet de voyager, de faire grandir le cœur, de faire voyager l’âme, d’exprimer des sentiments indicibles.

Pour toutes ces raisons, j’arrive dans ce milieu et je rêve naïvement que, dans toutes les instances de la culture, la filière du spectacle musical jeune public soit reconnue comme une spécialité à part entière et qu’il y ait plus de moyens mis à la disposition de tous ses acteurs.

Je suis vraiment reconnaissante que le réseau RamDam existe, fasse du lien, de l’information, organise des temps de rencontres, accompagne celleux qui débutent.

Je suis très heureuse de mener cette aventure. Nous avons été accueilli.e.s à bras ouverts. Je remercie chaleureusement tous les partenaires de cette épopée et celleux que je serais amenée à rencontrer par la suite. J’ai soif d’apprendre et de pouvoir contribuer à ma façon à ce beau et riche monde de l’enfance. 


Pouvez-vous nous partager vos perspectives, quelle serait la suite pour vos projets ? 

Nous allons créer en duo avec Viryane la suite de Ysée et la traversée du monde pointu : Le bal du Monde Pointu. 

Il s’agit d’un bal festif fait des 10 chansons et danses traditionnelles du monde pointu à la découverte de son écosystème et de ses habitantes.

Un bal électro hip-hip, hop-hop chanté.

 

Un deuxième volet qui parle de la joie car “la joie annonce toujours que la vie a réussi, qu’elle a gagné du terrain, qu’elle a remporté une victoire” écrit Bergson.

Nous jouerons la première aux Festivals du Parc Floral en juin 2024.

463 640 RamDam
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